Tableau de Sainte Madeleine

L’Association des Amis de Sainte Madeleine de La Jarrie vient d’acquérir cette peinture de Marie Madeleine dans le jardin au pied du Golgotha au matin de Pâque.
Au cours des siècles les peintres ont toujours cherché à représenter Marie-Madeleine avec une opulente chevelure blonde et un long manteau pourpre comme une impératrice des désirs. Tout comme elle est représentée par un artiste local, Louis Ernest Boisnard, sur une des toiles dans le chœur de l’église de La Jarrie.
Ici, au contraire, cette représentation rompt avec la tradition picturale.
Avec ses cheveux foncés, ébouriffés, en bataille, l’artiste, traduit la détresse de Marie-Madeleine qui a suivi le Christ jusqu’au pied de la croix et sa séparation, définitive, croit-elle, avec Lui.
Cette huile sur un support en bois usagé, qui donne ce ton naturel en fond de tableau faisant ressortir par ses aspérités l’âpreté de la vie et renvoie à celle de Marie Madeleine, allie couleurs vives et expression artistique de notre temps. C’est l’œuvre d’une femme, Caroline Fleury, à la fois musicienne et peintre, qui a choisi de faire une série de tableaux sur les femmes de la Bible et, pour Marie Madeleine, elle retient ce moment particulier de la parole du Christ, « Femme, pourquoi pleures-tu ? »
Avec le souvenir et l’exemple de Marie-Madeleine, dont le souvenir de sa vie peut aider ceux et celles qui, comme elle le fut elle-même sont en quête d’indicible, Caroline Fleury ne pouvait pas trouver meilleur modèle : le peintre jette un regard perçant sur les êtres et cherche à exprimer l’ineffable.
L’histoire de Marie-Madeleine est si surprenante qu’elle pose le problème de la femme moderne. Elle est sans aucun doute une héroïne de notre temps.

Quatre kakémonos

Quatre kakémonos ont pris place depuis novembre 2022 dans la nef.
Ils présentent les cloches qui occupent le porche-clocher du XIIe siècle auquel les visiteurs ne peuvent avoir accès.

Un plenum de quatre cloches

Le clocher de l’église renferme quatre cloches dont la plus ancienne, une cloche comtale de Xvvv-ème siècle, a été rejointe en 1947 par trois autres cloches. Elles ont été offertes par les jarriens pour marquer la fin de la guerre sans que le bourg ait eu à souffrir de bombardements lors de la reddition de l’occupant et leur reconnaissance au retour des prisonniers. Quatre kakémonos ont pris place depuis novembre 2022 dans la nef.
Ils présentent les cloches qui occupent le porche-clocher du XIIe siècle auquel les visiteurs ne peuvent avoir accès.


Question : finalement de quelle époque est ce porche clocher ?

Le bénitier

La dîme-bénitier reposait sur une colonnette en bois qui n'assurait pas la stabilité de la pierre sculptée du XVe siècle et répertoriée à l'inventaire des biens mobiliers de l'église communale.
Mise à l'écart par mesure de sécurité, cette dîme à usage de bénitier a reçu un pied-support en pierre de tuffeau et une assise de forme pentagonale ornée de feuilles d'olivier.
La commune assure la prise en charge de cette rénovation.
Le bénitier restauré recevra une vasque composée de grès et porcelaine noire; ces 2 terres sont mêlées, pour lui donner un aspect de flore marine.
Le grès laissé brut par l’artiste et le bord irrégulier s'harmonisent avec la pierre du XV° s.
A l’intérieur, l'émail recouvre une partie de la vasque retenant ainsi l'eau.

Don à la paroisse de La Jarrie de L’ATELIER TERRE D'AUNIS, Aigrefeuille. Vasque signée au dos.

Un chemin de Croix photographique

L’œuvre illustre la Passion du Christ par une approche actuelle comme l’ont fait tant de peintres respectant la mode de leur époque.
Autour de Jésus, aux traits sémitiques, et d’une Vierge Marie, revêtus des habits de leur temps, gravitent des personnages, hommes et femmes du XXIe siècle, saisis par l’objectif du photographe dans leur comportement ordinaire de leurs activités quotidiennes.
Aujourd’hui, et tout au long de ce parcours, le spectateur pourra s’identifier et au bourreau et au fidèle disciple, rendant actuel le drame qui s’est déroulé il y a deux millénaires à Jérusalem, en s’interrogeant sur sa propre attitude qui aurait pu être la sienne sur ce chemin allant du palais de Pilate au Golgotha. Le spectateur est appelé à participer à sa manière au drame qui se déroule devant lui.
Aux 14 stations du chemin de Croix s’ajoutera une quinzième station, celle du tombeau vide au matin de Pâque. Cette 15e station renvoie à la représentation figurative de Marie Madeleine au matin de Pâques exposée dans l’église.

Le Christ, la Vierge Marie et la Croix sont représentés de façon traditionnelle; deux personnages et un élément facilement reconnaissable (la Croix) qui renvoient aux représentations picturales et sculpturales traditionnelles.
Le reste des personnages a volontairement été choisi comme représentant notre époque à travers le vêtement mais aussi certains objets. Chacun peut ainsi se reconnaître plus facilement comme contemporain de ce processus de stigmatisation et de jugement inique que fut la Passion du Christ.
Christ pareillement raillé, humilié, jugé, condamné et enfin mis à mort ; mais aussi accompagné, aidé, consolé par chacun d’entre nous, à travers les nombreuses rencontres que nous faisons dans la vie. Le choix du traitement noir et blanc exprime tout à la fois simplicité et jaillissement. Le choix de travailler les tirages avec de forts contrastes aide à percevoir les contrastes spirituels et psychologiques vécus sur cette « via dolorosa ».
Cela permet aussi de mettre la scène dans une atemporalité renvoyant tant au mystère du Christ qu’à notre présent.
Le format carré quant à lui donne une rigueur géométrique qui force à la simplicité, centre le sujet choisi et met en valeur les lignes directrices.
Inspiré de la représentation picturale présentée dans l’église Saint-Nizier à Lyon, cet ensemble unique en photographie est l’occasion au-delà d’une démarche de foi, de faire se rencontrer tradition et modernité.
Passion du Christ qui nous renvoie inévitablement à la Passion de tant d'hommes et de femmes d’aujourd’hui ». Jean-Dominique « El padre »,photographe.

Le photographe


Jean-Dominique « El Padre » fait partie de l’académie artistique militaire appelée : les Peintres Officiels de l’Armée, au titre de photographe. Il a répondu à la sollicitation de l’association des Amis de Saint Madeleine de La Jarrie pour réaliser un « chemin de Croix photographique » participant à la mise en valeur de l’église de La Jarrie.

*Ni le photographe ni les bénévoles de cette association ne reçoivent un quelconque émolument de la vente de toutes les productions du photographe.

I Pilate

Pilate est gouverneur militaire et administrateur de la Judée pour Tibère, à ce titre il a droit de justice. Iconographie très classique renvoyant à l’ensemble de l’histoire de l’Art par le traitement des profils.
Il est en hauteur, au second plan visiblement contrarié, et loin d’être impérial dans son pouvoir. Assailli par les Pharisiens, les grands prêtres et les spécialistes des Ecritures, menacés dans leur pouvoir par ce blasphémateur il sait bien quelles sont leurs motivations alors que lui manque totalement d’arguments pour une condamnation à mort.
Cependant, cet auto proclamé roi des juifs est un trouble à l’ordre public, visiblement aimé d’une partie du peuple qui voit en lui un prophète alors que s’annonce cette fête de la Pâque si importante pour ses administrés. De guerre lasse de cette histoire entre juifs, des menaces proférées d’un rapport à Tibère il accède au désir des intrigants, munis de leurs « preuves papiers » en usant d’un subterfuge et en faisant libérer en échange Bar Aabas.
Nous sommes spectateurs d’un Christ Roi au premier plan, tournant le dos à son juge, à l’ensemble des plaignants, dans le rôle de l’avocat général. Il est sévèrement blessé dans un halo de lumière, translucidité du corps supplicié déjà couvert d’hématomes et d’œdèmes le regard bas dans le consentement sans révolte, meurtri et déjà bien affaibli par sa couronne d’épines, les coups, la flagellation.
« Ecce Homo » dit Pilate en le livrant.

II Jésus est chargé de sa croix

Jésus est chargé de sa croix sous les regards goguenards des bourreaux à l’arrière. Sans attitude de révolte, il accepte la charge posant sa main droite en maintien.
Ainsi se tient il droit devant l’Homme Générique qui lui mets sur les épaules tous les péchés du monde mais sans attention pour ce tortionnaire lui faisant face.

III Première faiblesse

Première faiblesse impitoyablement traitée, Jésus tombe pour la première fois
En dehors peut-être des soldats accompagnateurs, et encore, la foule excitée par les autorités religieuses juives Pharisiens et docteurs de la Loi ne savent pas que Jésus a subi, non la flagellation juive, comme ce sera par trois fois le cas de saint Paul et dont il témoignera ultérieurement, limitée à 39 coups de « flagrum » mais vraisemblablement au moins le double, une flagellation romaine .Il est donc déjà bien affaibli et c’est la première chute sous le « patibulum ». Ce type de flagellation romaine, de caractère obligatoire après condamnation à mort était évité aux femmes, aux soldats sauf désertion et aux citoyens romains.
Le personnage de second plan administre donc les coups nécessaires à un nouveau départ.

IV Marie

Marie sa mère, déjà âgée, Jésus ayant 37 ans, est sur le chemin de son calvaire. Elle est avertie de fondation de ce destin de son fils vers la mort. Elle s’est agenouillée face à lui, ses deux mains orientant le visage d’un Christ sans doute déjà désorienté, confus sous la douleur, la déshydratation majorée par les hémorragies de la flagellation. Elle ébauche le geste de tourner la tête de son fils supplicié vers elle afin qu’il l’identifie, qu’il la reconnaisse. Qu’il reçoive consolation au sein de cette générale sauvagerie des hommes.
Ici se réalise la prophétie de Syméon à Marie lors de la Présentation de Jésus enfant au Temple : « Cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction » …
Mais toi, ton âme sera traversée d’un glaive.
Isaïe
« Il a été maltraité et opprimé, et n'a point ouvert la bouche, semblable à un agneau qu'on mène à la boucherie. Il a été enlevé par l'angoisse et le châtiment; parmi ceux de sa génération, qui a cru qu'il était retranché de la terre des vivants, frappé pour les péchés de mon peuple? »

V Simon de Cyrène

Simon de Cyrène c’est l’étranger, l’immigré de service, requis précipitamment car les accompagnateurs bourreaux réalisent bien maintenant que Jésus est considérablement affaibli, mourant.
L’agonie sur une croix pouvait durer plusieurs jours. Or, dans l'Évangile de Marc, Pilate est étonné que Jésus soit déjà mort quelques heures seulement après la crucifixion.
« Pilate s’étonna qu’il soit déjà mort ; il fit appeler le centurion, et l’interrogea pour savoir si Jésus était mort depuis longtemps. » (Mc 15,44)
C’est pourquoi les soldats obligent Simon à porter la croix : les Romains ont dû craindre que Jésus ne meure avant d’atteindre le lieu de la crucifixion.
« Et en sortant, ils trouvèrent un homme, un Cyrénéen du nom de Simon. C’est lui qu’ils requirent pour qu’il portât sa croix. » (Mt 27,32)

Qui est cet homme requis par les soldats romains et contraint contre son gré à prendre part au chemin de croix du Christ ? Il est dit Cyrénéen c’est-à-dire de Lybie . Ancienne colonie grecque, elle abrite une importante diaspora juive et donc Simon est l’étranger, sans doute juif de seconde zone, immigré, saisi au passage lors du parcours menant au Golgotha.
Il est, parmi la foule, peut-être plus costaud que la moyenne, revenant des champs assez fort pour aider Jésus à porter son lourd patibulum de 25 à 40 kg. Symboliquement, cette indication sur sa nationalité est une manière d’annoncer que le salut apporté par le Christ n’est pas réservé à un peuple, mais au contraire qu’il est universellement offert.

VI La rencontre avec Véronique

La rencontre avec Véronique, une des femmes suivantes et portant amour au Christ.
Isaïe prophétise : « La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme… Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. »
Véronique souffre de le voir souffrir, elle brave la foule hostile pour essuyer le visage du Christ recueillant ainsi sur son linge la Sainte Face. (« Vera icona » : l'icône authentique)
À présent, elle voit son visage de près, ce visage qui avait très souvent parlé à son âme. Elle le voit bouleversé, sanglant et défiguré. Elle ne résiste pas. Elle veut soulager ses souffrances. Avec un linge, elle tente d’essuyer sang et sueur.
Elle s’agenouille devant le Christ vacillant sous le regard interrogatif d’un gardien pour le moins dubitatif sur l’opportunité de ce geste de compassion.
La tradition s'est enrichie d’une « légende » selon laquelle le visage du Christ serait resté comme imprimé sur le linge qu'elle avait utilisé. Ce sera le début de l'histoire du linceul de Turin. Longtemps on a gardé plié ce linge qui concerne en fait la totalité du corps, ne laissant voir que le visage du Christ, "véritable icône" ou représentation de celui qui donne sa vie pour nous.
Curieuse photographie : car pour matériellement atteindre le visage du Christ, tous deux se regardant sont agenouillés en symétrie du patibulum. Scène préfigurant voire confondue avec la deuxième chute, détresse du Christ souffrant ne la reconnaissant sans doute qu’avec difficultés, courbes très féminines de la femme aimante et compatissante.
Elle est d’ailleurs la sainte patronne des photographes des Armées dont El Padré.

VII La deuxième chute

La deuxième chute, c’est l’épuisement.
Inquiétude grandissante des tortionnaires, toujours dans la relative inconscience des sévices sévères administrés par les soldats romains et de leur retentissement sur le condamné. La crainte suprême, le voir rendre l’âme avant la crucifixion prescrite par les Autorités du Temple et pour comble de malchance au sein même de l’enceinte de Jérusalem, double impureté parjure cette veille de la Pâque, fête juive si importante. (La septième station de la Via Dolorosa est à la limite des murailles d’enceinte)
Donc plus de Libyen, mais un lien à distance du condamné intouchable pour l’aider à distance à se redresser. C’est le guide du bât pour remettre dans le droit chemin la bête de somme portant les pêchés du monde.
Isaïe, « c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé le châtiment qui a pesé sur lui nous donne la paix, par ses blessures, il nous guérit »
Mais en symétrique, c’est la préfiguration du « Noli me tangere » qui va s’adresser à Marie Madeleine le matin de la résurrection chez Fra Angélico : ne me touche pas toi le bourreau, c’est Mon Sacrifice consenti et non pas toi, misérable humain qui impose quoi que ce soit au tempo.

VIII Les femmes de Jérusalem

C’est le dernier message du Christ mourant aux hommes, et il s’adresse aux femmes, temples des vies à venir :
« Une grande foule le suivait et parmi elle beaucoup de femmes qui se frappaient la poitrine en se lamentant sur l’état de ce fils d’homme qui n’en avait plus l’apparence …Se retournant il leur dit, ne pleurez pas sur moi, mais plutôt sur vous et votre descendance »
Il prédit ainsi de nouveau l’écrasement d’Israël et la destruction du Temple de Jérusalem.
Jésus les voit, non ses accompagnatrices de son parcours, mais les anonymes de Jérusalem, et à travers elles, toutes celles du monde : il saisit leur sentiment de compassion, mais même en ce moment dramatique, il veut leur adresser une parole qui dépasse la simple pitié. Il désire qu’en elles, qu’en nous, n’habite pas seulement la commisération, mais la conversion du cœur, qui reconnaît s’être trompé, qui demande pardon, qui recommence une vie nouvelle. Larmes de repentance suivant la reconnaissance des pêchés pour lesquels il va personnellement à la mort.
Ce spectacle du Chemin de Croix ne doit pas seulement éveiller l’émotion, mais surtout conduire à la Conversion à la Vie Nouvelle.
Ainsi de Luc 23 :28/31
« Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants !
Car voici que viennent des jours où l'on dira : «Quel bonheur pour les stériles, pour les flancs qui n'ont pas enfanté et les seins qui n'ont pas nourri !» Alors on se mettra à dire aux montagnes : «Tombez sur nous !» et aux collines : «Cachez-nous !» Car, si l'on agit ainsi sur le bois vert, qu'adviendra-t-il du sec ? »
Repentez-vous, changez de vie et vous serez sauvés de la mort par la Vie Eternelle.

IX La Troisième chute

L’épuisement final dans le silence après le dernier avertissement aux hommes, avec cette crainte grandissante et maintenant majeure des bourreaux qu’il n’aille pas jusqu’à la crucifixion à laquelle nous l’avons condamné.
Trois, chiffre bibliquement très symbolique de la nature Trinitaire de la révélation divine et du message terrestre apporté par le fils, je suis la Voie, la Vérité et paradoxalement à ce stade la Vie.
S’élève alors la voie du centurion présent pour rendre compte, peur bleue d’être tenu pour responsable de n’avoir pas conduit le condamné jusqu’à la croix du calvaire.
Il faut de toute urgence rapporter cette situation catastrophique aux autorités hiérarchiques.
Face au sol, les deux bras lancés en avant, écrasé par l’instrument de son supplice, le Christ envoie intérieurement au Père cette dernière requête initiée au Jardin des Oliviers :
« Seigneur, entends ma prière et dans ta justice écoute mon appel, dans ta fidélité réponds moi. Mes ennemis cherchent ma perte, ils foulent au sol ma Vie. Je tends les mains vers toi. Vite ! réponds moi Seigneur ! je suis à bout de souffle » Psaumes (142)

X Jésus est dépouillé

Jésus est dépouillé de ses vêtements
« Alors tu es mis à nu devant nous. Beaucoup ont ri. Tu ne bouges pas. Tu ne te défends pas. Tu offres cet horizon glaçant du corps désigné à la honte publique, terriblement nu dans son infinie vulnérabilité. Mais cette nudité face au pouvoir, face à l’état d’exception de la force, expose l’acte de désœuvrement par lequel tu te retires de toute force, de toute résistance. L’instant même de la révélation de ton humanité offerte.
Ta nudité est une apocalypse, le dévoilement de ta Passion.
Tu atteins ta Passion dans le nu. Ce moment où les parures mondaines, les vêtements de protection, les cuirasses s’ouvrent et tombent.
Ton corps ainsi libéré accède à sa vérité. Ce oui silencieux au ridicule, à l’humiliation est un non à la violence. Mais sans ce corps de misère, « sans éclat, sans beauté », pas de corps de gloire. Nous te découvrons, en pleurant ou ricanant. Mais c’est alors ta nudité qui nous regarde et nous qui sommes nus devant elle. »
Le mot de François
Ô Jésus, Fils de l’homme, qui t’es dévêtu afin de nous révéler la créature nouvelle ressuscitée des morts, arrache en nous le voile qui nous sépare de Dieu et tisse en nous ta présence divine.
Donne-nous de vaincre la peur face aux événements de la vie qui nous dépouillent et nous mettent à nu, et de revêtir l’homme nouveau de notre Baptême, afin d’annoncer la Bonne Nouvelle, en proclamant que tu es le seul vrai Dieu qui conduit l’histoire. Amen.
Chemin de croix présidé par le pape François, Rome, 3 avril 2015
Certains ricanent, d’autres font des selfies souvenir à poster sur les réseaux afin que l’humiliation devienne universelle.
D’autres, appliqués, s’affairent, il faut rapidement passer à la crucifixion de ce condamné à bout.
« Saint Jean 19 23/24
Les soldats prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique, qui était sans couture, d'un seul tissu depuis le haut jusqu'en bas. Ils se dirent entre eux:
Ne la déchirons pas, mais tirons-là au sort. Ainsi s'accomplît cette parole de l'Écriture: Ils se sont partagé mes vêtements, ils ont tiré au sort ma tunique. »

XI Crucifixion

On s’en occupe. Et pourtant, les prêtres Pharisiens, Spécialistes des Ecritures, soldats romains, la foule manipulée criant à la curée croient tous maîtriser la situation. Or, ils lui abîment le corps, mais certainement pas l’âme, l’inatteignable Esprit de Dieu, Son Père. Ils entravent ses mouvements, mais lui reste maître jusqu’au bout de son offrande à Tous, y compris ses bourreaux.
« Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font », ces instruments d’un destin qui les écrase.
Fin du textuel, et place à la clinique :

Hérode Le Grand avait aboli ce mode mise à mort. Mais les Romains en avaient fait un mode très courant d’exécution, à chaque tentative de turbulence publique, ils n’hésitaient pas à y recourir. Selon Cicéron et Sénèque, c’était le plus atroce, le plus cruel des supplices

Pour les membres supérieurs, un clou est enfoncé à coups de maillet dans chacun des deux poignets. Il est bien certain que c’est le poignet qui est encloué, et non la paume des mains comme représenté dans la plupart des tableaux de la crucifixion. En effet, l’enclouage de la paume des mains conduirait à une déchirure avec chute du corps et hémorragie importante, tandis qu’au niveau des poignets, le clou est bien fixé et retenu par les ligaments du carpe dans l’espace de Destot.

Pour les membres inférieurs deux clous furent sans doute utilisés, l’un dans l’espace de Mérat au milieu du tarse pour le pied droit, l’autre pour le pied gauche au niveau du sinus du tarse, un peu plus latéralement par rapport à l’axe du pied. Les deux pieds sont cloués directement, face plantaire contre le bois.

Selon toute vraisemblance, Jésus fut crucifié avec les bras non pas étendus à l’horizontale mais légèrement fléchis, probablement soutenu par des cordes au niveau des aisselles. Ceci avait pour but de prolonger la durée du supplice, car suspendu uniquement par les bras, Jésus n’aurait survécu que quelques minutes et son agonie va durer trois heures…
Chaque mouvement respiratoire provoque une intense douleur dans tout le corps, ce qui rend la respiration difficile et superficielle. De plus, Le poids du corps tirant sur les bras et le début des crampes musculaires figent le thorax en inspiration forcée par action sur les muscles intercostaux, ce qui empêche l’expiration normale. En effet, normalement l’inspiration est active et l’expiration passive. Ici, le crucifié doit expirer de façon volontaire et, pour cela, le seul moyen est de de s’appuyer sur les clous des pieds et en même temps tirer sur ceux des bras de façon à se redresser d’une quinzaine de centimètres pour vider ses poumons et, rapidement, les remplir par deux ou trois goulées d’air. Ce faisant, une douleur atroce traverse jambes et bras, les poignets tournent autour des clous, l’effort physique est intense et la victime se laisse retomber. Ensuite, le manège recommence : impression d’étouffement, redressement du corps. Avec cela, tout le corps est la proie de crampes musculaires de plus en plus intenses qui favoriseront la rigidité extrêmement rapide s’installant dès avant le décès. Due à la déshydratation, la soif est dévorante. L’agonie pouvait ainsi durer des heures, en moyenne 24 heures, mais chez certains jusqu’à trois ou quatre jours.
Dans le cas de Jésus, la mort surviendra rapidement, au bout de trois heures seulement, ce qui étonnera Pilate. C’est sans doute son état d’épuisement total causé par la flagellation, les autres sévices et le chemin de croix qui expliquent cela.
Un échafaudage de fortune sert aux bourreaux qui eux maintenant peinent à verticaliser la croix dont le condamné s’était pourtant chargé seul.

XII Mort de Jésus

C’est l’asphyxie terminale mais consciente : « Tout est achevé »
Les témoins sont tous debout, un à genoux, hypnotisés.
Les femmes attachées au Christ soutenant la Mère dans la douleur à droite, accompagnées du centurion étranger soudain conscient de la Divinité du supplicié, à gauche le spectateur anonyme de passage, résolument voyeur des exécutions capitales, toujours une rare distraction dans cette Jérusalem des années trente.
Saint Luc : « C'était déjà presque midi, (lors de la crucifixion) et il y eut des ténèbres sur tout le pays jusqu'à trois heures de l'après-midi. A ce moment, le soleil s'obscurcit et le voile du temple se déchira par le milieu. Jésus s'écria d'une voix forte: «Père, je remets mon esprit entre tes mains.» Après avoir dit ces paroles, il expira.
Ce résultat est-il l’œuvre, le pathétique « triomphe » des bourreaux, de ceux qui l’ont condamné et au-delà d’eux, de nous-même, spectateurs mais également acteurs du drame ?
Résolument non, c’est le don consenti du Christ aux hommes, et parmi cette multitude à nous :
« Personne ne me prend la vie, c’est moi qui la donne volontairement. J’ai pouvoir par le Père de la donner et de l’obtenir à nouveau. Cela correspond à l’ordre de mon Père » Jean 10/18

XIII Déposition du Christ

Ici tout est en verticalité, descente au sol et au-delà, vers la mise au tombeau à venir.
La vie ainsi que la vue est hachurée par les différentes lignes de force accentuant la sensation de chute, bien que contenue par les linges placés sous les aisselles l’amortissant.
L’échafaudage, les deux personnages exerçant une contention distanciée mais manifestement respectueuses, le corps et son double le stipex crucis et les deux personnages à droite, Marie et Jean autant de verticales suggérant le mouvement vers le bas, à la manière d’un plan séquence cinématographique.
Les bourreaux sont partis, leur forfait accompli et le spectacle est terminé.
Contrairement au Caravage du Vatican de composition oblique et où transpire l’émotion, ici le corps du Christ est maintenu à distance, non saisi à bras le corps, dans le silence, le respect et la retenue, il est déjà autre chose que sa dépouille d’homme, il redevient Dieu habité par l’Esprit.
Saint Jean, témoin 19-31/34
« Comme c'était le jour de la Préparation à la Pâque, les juifs demandèrent alors à Pilate qu'on leur brise les jambes et qu'ils soient enlevés. C'était afin que les corps ne restent pas sur la croix le jour du sabbat, particulièrement un grand jour.
Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes du premier, puis de l'autre qui était crucifié avec lui.
S'approchant de Jésus, ils virent qu'il était déjà mort et ne lui brisèrent pas les jambes. Toutefois, l’un des soldats lui transperça le côté avec sa lance.
Et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau.
Celui qui l'a vu rend témoignage et son témoignage est véridique. Et lui-même sait qu'il dit vrai afin que vous aussi vous croyiez.
Car cela est arrivé afin que l'Écriture soit accomplie : « Pas un de ses os ne sera brisé. »

La Passion trouve là une signification symbolique dans son issue, car c’est dans sa totalité un long chemin d’abaissement.

XIV La mise au tombeau

Vue plongeante, le corps central reposant sur le suaire, quatre personnages en symétrie,
Deux hommes à l’éclairage Nicodéme, Joseph d’Arimathie ? Deux femmes à la préparation d’embaumement du corps, agenouillées, un personnage supplémentaire dans l’ombre semblant soutenir la tête du défunt.
Pas de doute, nous sommes les spectateurs d’une scène prenant place dans un caveau.
Le froid est expressément perceptible.
Sur le rectangle blanc du linge se détache le corps du Fils de l’Homme et le halo d’un dernier rappel du sacrifice du Christ Roi, sa couronne d’épines.

Jean 19, 38/42 et Matt. 26:12.

« Or après ces choses, Joseph d'Arimathie qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des autorités juives du temple dont il était membre, demanda l'autorisation d'enlever le corps de Jésus, ce que Pilate permit. Il vint donc et enleva son corps.
Puis Nicodème, celui qui auparavant était venu de nuit à Jésus, vint lui aussi, apportant un mélange de myrrhe et d’aloès de 100 livres environ. Ils prirent alors le corps de Jésus, l’entourant de ce mélange d’aromates et de bandelettes le liant, comme c’est la coutume juive lors des préparations pour la mise au tombeau.

Il y avait un jardin non loin de l'endroit où il avait été crucifié et en son sein, un tombeau vide dans lequel personne n'avait encore été déposé. Ils déposèrent donc là le corps de Jésus, à cause de ce jour de la Préparation à la Pâque et parce que le tombeau était proche. »
Curieux passage que celui de Jésus parmi les hommes : envoyé par le Père, il nait dans une étable sans place pour lui à l’hôtellerie et trouve sa dernière demeure terrestre dans un tombeau neuf et intact mais initialement destiné à un autre.
Citons saint Matthieu : chapitre 27, versets 33 à 44, 50 et 57 à 61 :
« Le soir venu, vint un homme riche d’Arimathie, nommé Joseph, qui lui aussi était disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate pour demander le corps de Jésus. Pilate alors ordonna qu’on le lui remît. Ayant pris le corps, Joseph l’enveloppa d’un linceul blanc, et le déposa dans le tombeau neuf qu’il s’était fait tailler dans le roc ; puis, ayant roulé une grosse pierre à l’entrée du sépulcre, il s’en alla.
Marie la Magdaléenne et l’autre Marie étaient là, assises en face du tombeau. »
Qu’aurait dû devenir le corps de Jésus après la crucifixion ? Les pratiques de l’époque indiquent que, le plus souvent, on laissait les corps des condamnés se décomposer sur la croix, sans sépulture. Pourtant, à la différence des disciples apeurés en fuite, Joseph d’Arimathie n’abandonne pas Jésus, mais trouve au contraire dans le spectacle de la croix la force de sortir de l’anonymat et peut-être même de se manifester comme disciple. Ainsi demande-t-il la dépouille du crucifié. C’est un acte plein de courage, car il n’est pas courant qu’une telle demande soit acceptée par le pouvoir romain pour des crimes de droit commun ou religieux. Joseph d’Arimathie va auprès de Pilate lui-même, c’est-à-dire auprès du gouverneur en personne, pour être autorisé à récupérer le corps de Jésus.
La mention de la nouveauté du tombeau est d’une portée très symbolique. La tombe neuve a suggère inspire deux réflexions :
• la nouveauté absolue de la Résurrection qui allait s’y opérer
• le caractère absolument nouveau de celui qui va devenir Le « Premier-Né » d’entre les morts.
Une autre symbolique découle des prénoms, d’une part deux Marie la Vierge Mère, et une autre Marie La Magdaléenne, vraisemblablement prostituée repentie et cependant choisie pour être la première à annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection. Ceux des Joseph d’autre part, pères terrestre de l’origine et de celui veillant à la fin. En effet, au début et à la fin de la vie de Jésus, ce sont des Joseph et des Marie qui prennent soin de son corps. Leur complémentarité accompagne donc à la fois la naissance du messie aux jours de sa chair et sa naissance à la vie nouvelle de la résurrection.

XV Résurrection

La spécificité d’un tombeau « taillé dans le roc » montre la solidité du lieu de l’ensevelissement, d’autant que Joseph y ajoute « une grosse pierre à l’entrée ». Ces « détails » viennent, par anticipation, attester l’impossibilité d’une sortie du tombeau autre que miraculeuse, au jour de la résurrection.
L’autre spécificité de cette version selon El Padré, c’est qu’il s’agit ici d’une claire illustration de l’Evangile de Matthieu qui dans son récit, renforce par la présence de gardes dépêchés par les autorités religieuses juives, l’impossibilité d’une sortie autre que Divine de la sépulture.
L’autre renvoi symbolique appartient à l’histoire de l’art et à l’interprétation iconographique de Piero de la Francesca illustrant le même thème en pleine « Renaissance »

Selon Matthieu, Dieu corrompt la troupe sacerdotale et l’intervention divine au tombeau vient tétaniser ces derniers : « Les gardes, dans la crainte qu’ils éprouvèrent, se mirent à trembler et devinrent comme morts. » Leur réaction montre qu’ils appréhendent l’événement telle une action divine contre laquelle ils ne peuvent rien, comme morts de crainte face au jugement de Dieu, inertes et paralysés face à sa puissance. Rien à voir avec un endormissement. Le récit de Matthieu fait de ces hommes, quoique tétanisés, de véritables témoins de ce moment et le peintre illustre bien cet état dans l’attitude du garde assis à gauche, se voilant la face.
Marie- Magdeleine,
C’est la Sainte Patronne de cette église et le premier témoin actif, également très symbolique de la Résurrection :
Incarnation du péché repenti annonçant à l’Humanité dans sa totalité le rachat de ses fautes par le sacrifice de l’Agneau Pascal sous condition de conversion à une vie nouvelle.

L’Onction de Béthanie

Le passage de l’évangile de Jean au cours duquel Marie-Madeleine répand un parfum de grande valeur sur les pieds de Jésus est représenté de façon picturale sur cette icône dont les dimensions réduites la destinaient très certainement à une iconostase.
Bien qu’elle ne soit pas signée elle est identifiable comme relevant de l’école de Bérat fondée au XVIème siècle par Onufri qui est l’iconographe le plus connu dans ce genre en Albanie. Il a été formé à l’art de l’icône orthodoxe grecque mais aussi à Venise dont l’influence occidentale le marquera. L’école de Bérat se perpétuera pour être dirigée dans la seconde moitié du XVIIIème siècle par Konstandin Shpataraku qui conservera l’influence de la Renaissance et de l’art d’Occident à laquelle se mêle l’influence ottomane. On le voit ici à l’art de la table ainsi qu’au style ottoman du mobilier.
La scène de l’onction se situe chez Lazare. Marie-Madeleine est à genou qui verse son parfum, Jésus est assis et face à lui Lazare qu’il a appelé à revenir à la vie quelques jours auparavant. A sa droite, Judas. Comme dans toute icône la position des mains des personnages principaux a son importance tout comme leur vêtement. Jésus et Lazare portent de la même façon, une chemise blanche longue dans le style oriental et un manteau de couleur bleu, couleur de référence à la vie divine.